Photos de coucher de soleil : une base pour des expositions compliquées (Partie 1/2)

Ce document m’a été suggéré par un ami qui ne s’en sort pas avec ses couchers de soleil. Pourquoi est-ce toujours raté ? Comment font ceux qui arrivent à avoir de beaux cieux éclatant avec des détails dans les nuages et un premier plan presque nocturne où l’on peut malgré tout voir des détails ?

Pour répondre à cette question, beaucoup de choses sont à considérer, et comme il vaut mieux apprendre à marcher avant d’apprendre à courir, j’ai pris le parti de diviser l’article en deux parties.

Avant-propos

Cet article n’est pas un tuto ! Je l’ai conçu comme un mini cours et la nuance est énorme. Il ne s’agit pas d’un descriptif d’une suite d’actions linéaire qui mène à un résultat fini mais d’une alternance d’explications théoriques et de travaux pratiques destinés à vous aider à comprendre des notions que vous pourrez appliquer dans vos projets. Nous commencerons d’ailleurs par faire des bêtises pour mieux les corriger ensuite !

A l’issue de la lecture, vous devriez êtres capable de partir sur une base saine lorsque vous aurez des photos compliquées à réaliser avec votre Mavic en évitant les pièges et des erreurs irrécupérables par la suite.

Analyse d’une photo ratée…

Le paysage choisi est totalement inintéressant : une photo banale d’un coucher de soleil prise en .jpg en exposition automatique avec un Mavic 2 Pro. L’unique chose qui nous intéresse ici est la réponse à la question « Qu’est-ce qui ne va pas ? ».

Sunset complètement raté !

Pas besoin de s’appeler Doisneau pour hurler d’indignation et poser le diagnostic…

1 : Il y a sûrement des détails et des nuages dans le ciel, mais on ne voit rien. C’est beaucoup trop clair, totalement surexposé. On parle de zone « brûlée » dans l’image. Il aurait fallu moins exposer l’image.

2 : Il y a bien un trou noir au centre de la Voie Lactée, mais pas dans ce quartier ! Ça se saurait quand même… Cette zone est totalement sous-exposée et on n’y voit rien. Il aurait fallu plus exposer l’image.

3 : En cherchant bien, on peut trouver un petit bout de nuage qui est à peu convenable, mais bon…. 5% de la photo correctement exposé, c’est trop léger…

Bilan : il faut moins exposer ET plus exposer en même temps… On n’est pas rendus !

Un outil gratuit pour travailler

Avant tout, nous avons besoin d’un outil de traitement de photo pour analyser, traiter et corriger l’image et l’exporter.

Un des leaders pour faire ce travail est Adobe Lightroom et beaucoup de pros l’utilisent. Mais ce n’est pas cadeau… Deux solutions libres et gratuites se tirent la bourre en tête : Rawtherapee et Darktable. Les deux sont excellents et je suis incapable de dire s’il y a un « meilleur » dans l’absolu. Pour trancher, je propose de poursuivre nos travaux avec Darktable pour des petits détails qui nous simplifieront la vie plus loin.

Je n’entrerai à aucun moment dans des explications détaillées de ce soft : il est d’une richesse et d’une complexité indicibles et qui me dépassent. Pour les curieux, des dizaines d’heures de tutoriels se trouvent facilement sur la toile. Pour notre étude, nous resterons à un niveau très basique.

C’est à vous de jouer :

  1. Téléchargez et installer Darktable
  2. Récupérez ma photo ratée ici.
  3. A l’aide du bouton « image… » de l’interface de la « table lumineuse », allez chercher l’image, double-cliquez dessus, et confirmez que vous avez quelque chose qui ressemble à peu près à ceci dans la « chambre noire » (les positions des éléments peuvent varier, mais l’essentiel est de voir la photo, le graphique blanc étrange que j’ai en haut à droite et une liste de modules aux noms énigmatiques que j’ai en bas à droite).
Interface Darktable 01

Utilisation de l’histogramme et plan d’action

L’histogramme est le graphique suivant et montre en particulier la manière dont la luminosité est répartie dans l’image. A gauche, les quantités de pixels sombres (noirs), à droite, les pixels lumineux (blancs), au centre… un entre-deux (gris).

Histogramme Darktable

Notre analyse prend du sens ici :

  1. Les noirs sont très nombreux : l’histogramme à gauche est haut et y fait même un pic.
  2. Les blancs sont très nombreux : l’histogramme est haut et tassé à droite et y fait aussi un pic.
  3. Les valeurs moyennes sont minoritaires. Le contraste est fort.

Idée : Nous pourrions commencer par tenter de déplacer les noirs vers la droite pour plus exposer plus les zones sombres et les blancs vers la gauche pour moins exposer ces derniers… Qu’est-ce que ça va donner ?

Mise en application… déception…

Pour faire cette manipulation, nous allons utiliser le premier outil de Darktable : l’outil « Exposition » (2). Vous le trouverez dans l’onglet « modules de base » (1) du catalogue des modules. Un clic dessus l’active et vous donne accès à deux curseurs : « exposition » (3) et « correction du niveau du noir » (4) qui vont respectivement décaler la droite de l’histogramme vers la gauche et la gauche de l’histogramme vers la droite (une action directe sur les parties gauche et droite de l’histogramme est aussi possible) :

Jeu sur l’exposition

Le résultat est décevant… Les noirs sont devenus gris foncés, les blancs sont devenus gris clairs, mais aucun détail n’apparaît dans l’image. Par rapport à l’image de départ, la zone 1 est moins claire mais ne montre aucun nuage et le trou noir dans la zone 2 est devenu un trou gris qui ne montre rien d’intéressant non plus.

Tentative d’amélioration

Les plus malins me diront que notre résultat était attendu : ce n’est pas parce que les noirs sont devenus gris qu’ils montrent plus de nuances (idem pour les blancs). Ils ont raison ! Nous allons donc devoir tenter d’étendre latéralement la palette des noirs et celle des blancs pour essayer de retrouver des détails.

Ceci se fait à l’aide de l’outil « ombres et hautes lumière » du même onglet « modules de base ».

En tirant un peu le curseur « ombres » vers la droite et « hautes lumières » vers la gauche, on obtient quelque chose d’un (tout) petit peu meilleur. Les pics à gauche et à droite ont été estompés et il y a plus de nuances et de progressivité dans l’exposition.

Pour autant, ce n’est pas encore ça. En zoomant, on voit que la partie claire manque toujours cruellement de détails et aucune nuance n’apparaît. Idem pour la partie sombre qui est bruitée comme ce n’est pas permis…

Conclusion de la partie 1

On peut tourner le problème dans tous les sens, on ne fera rien de cette photo :

  • Les informations contenues dans les zones claires n’ont pas été enregistrées sur la carte SD. Elles étaient surexposées, les pixels ont une luminosité maximale et aucune nuance n’existe. Aucun logiciel ne pourra deviner ce qu’on avait sous les yeux si notre fichier ne contient pas ces informations.
  • Les informations contenues dans les zones sombres n’ont pas été enregistrées sur… Comment ? Je suis trop bavard ? OK. Je pense que vous avez deviné la fin !

Ici réside la plus grande limitation du format JPG : tout ce que vous voyez reflète les informations contenues dans l’image. Toutes les informations contenues dans l’image sont visibles. Impossible en JPG de retrouver des informations qui ne sont pas présentes dans l’image originale. Vous pouvez retenir l’alexandrin mémorable :

Pour des photos de drone qu’on puisse travailler, laissez le jpg ou bien allez pleurer !

Un ami de classe de Confucius

Rendez-vous dans la partie 2 pour faire mieux…

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